Table Ronde – Explore

Rencontres du Patrimoine 2025 : réinventer les usages, pas seulement les bâtiments

Le patrimoine bâti est souvent perçu comme une contrainte. Et si l’on changeait de regard ?

Lors du festival genevois Explore Demain, l’Office du patrimoine et des sites, en collaboration avec l’Office cantonal du logement et l’USPI Genève, a organisé le 22 mai une table ronde intitulée « Le patrimoine bâti peut-il répondre aux mutations rapides des modes de vie ? ». Cet évènement a réuni trois intervenants aux perspectives complémentaires, avec un objectif commun : interroger la capacité des bâtiments existants à accueillir d’autres manières d’habiter.

Sous la modération de Luca Pattaroni, professeur à l’EPFL et sociologue de la ville, cette rencontre a réuni trois intervenants :

  • Sabine Feuereisen, responsable Real Estate Development chez AXA Immobilier Suisse
  • Line Fontana, architecte d’intérieur et enseignante à la HEAD
  • Christian Dupraz, architecte indépendant, membre de la FAS et cofondateur de la Maison de l’architecture de Genève

Pour Christian Dupraz, architecte indépendant et cofondateur de la Maison de l’architecture de Genève, « le patrimoine ne doit pas être figé ». Face aux défis de durabilité et de densification, il plaide pour une approche souple, capable de faire dialoguer l’histoire des lieux avec les usages futurs. « Le patrimoine peut devenir un support pour réinterpréter les usages », souligne-t-il, évoquant la restauration ou la transformation de bâtiments modernes dans son propre bureau. Le respect du bâti ne signifie pas immobilisme : c’est un terrain à réinvestir, à prolonger, à faire vivre autrement.

Avec le projet Renouveler la ville depuis l’intérieur, Line Fontana, architecte d’intérieur et enseignante à la HEAD, a conduit un travail de terrain sur ce qu’elle appelle le patrimoine ordinaire. Aux côtés du Laboratoire de sociologie urbaine (EPFL), elle a étudié les lieux de vie collectifsCe qui l’intéresse : les agencements, les pratiques et les détournements discrets. « Ce n’est pas forcément nécessaire de parler que de typologie ; il faut aller chercher dans les pratiques, les agencements, les questions de convertibilité », explique-t-elle. Sa vision du patrimoine s’écarte d’une lecture purement architecturale : c’est dans les usages qu’il faut puiser pour penser les mutations.

De son côté, Sabine Feuereisen, responsable du développement immobilier chez AXA, est revenue sur des projets de reconversion concrets menés par le groupe. Bureaux transformés en logements, lieux partagés reprogrammés pour répondre à de nouveaux besoins : « Il ne s’agit pas seulement d’adapter un bâtiment, mais de réinterroger sa programmation en fonction de ce que les gens recherchent aujourd’hui », affirme-t-elle. Elle souligne aussi l’importance du dialogue entre secteur public et privé pour faire émerger des modèles innovants, capables de concilier faisabilité économique, qualité d’usage et inscription dans le tissu urbain.

En clôture, le modérateur Luca Pattaroni, professeur à l’EPFL, a rappelé combien les défis à venir exigent une culture du bâti partagée, ouverte, transversale et combien le patrimoine, loin d’être un frein, peut devenir une ressource essentielle pour une ville.

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