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Revue de presse

Le label vert fête ses dix ans !

INTERVIEW

L’Union suisse des Professionnels de l’immobilier (USPI) Genève n’a pas attendu la «vague verte»: les régies membres s’investissent depuis 2009 pour une meilleure efficience énergétique de leurs immeubles sous gestion. Philippe Angelozzi, secrétaire général de l’USPI Genève, revient sur une décennie d’action en faveur de l’environnement et nous livre ses réflexions pour l’avenir, une fois la crise du coronavirus derrière nous.

– Dans quel contexte le Label Vert a-t-il vu le jour ?

– Le Label Vert est né en 2009, parallèlement à la Loi sur l’énergie genevoise. Cet outil d’aide à la décision a accompagné la loi en stimulant les professionnels de l’immobilier à s’engager dans le tournant énergétique. Un enjeu de taille, car la consommation énergétique des bâtiments représente près de 50% des combustibles fossiles utilisés dans le canton. En 10 ans, le programme Label Vert a permis d’économiser plus de 60 millions de litres de mazout, soit l’équivalent de 25 piscines olympiques. En termes de gaz à effet de serre, cela correspond à une économie de 187 000 tonnes de CO2, soit 878 553 tours de Suisse en voiture! Des résultats encourageants, qui s’inscrivent pleinement dans les objectifs de la Stratégie énergétique 2050 de la Confédération.

– Qu’implique ce label ?

– Pour obtenir le Label Vert, une régie doit avoir recensé toutes les mesures énergétiques déjà réalisées sur ses bâtiments et atteindre un seuil minimal de points. Une fois ce bilan effectué, la régie membre s’engage à appliquer, dans le cadre de son activité de gérance, un programme d’économie d’énergie scindé en trois catégories, à savoir l’enveloppe, le chauffage et l’optimisation d’autres éléments. Chaque catégorie comprend une liste d’actions ciblées ayant un impact énergétique positif sur le bâti. Elles nécessitent donc une excellente connaissance du parc immobilier et sont à prioriser en fonction de leur efficience. La planification des travaux est un processus à long terme: l’assainissement énergétique requiert une vision globale et ne peut en aucun cas être pensé au coup par coup. Les plans d’assainissement nécessitent bien entendu l’adhésion des propriétaires – privés et institutionnels -, car sans eux rien n’est possible! Enfin, les titulaires du Label Vert sont tenus d’accompagner leurs clients dans les démarches portant sur les types variés de subventions existants.

– Comment l’USPI Genève évalue-t-elle les actions ?

– Dans le cadre du Label Vert, un système de notation multicritères par action a été établi. Est pris en compte l’ensemble des allées assainies depuis 2008; le nombre de points obtenus détermine l’octroi du label. L’Indice de dépense de chaleur (IDC) moyen, qui est l’indicateur de la consommation d’énergie des bâtiments, doit également être précisé.
Chaque année, les régies souhaitant conserver le label sont tenues d’attester de leur progression. La régie doit donc garder un certain «tempo» et se tenir à jour sur les nouveautés (subventions, mesures lancées par le programme éco21 des SIG, normes légales, etc.). Par ailleurs, la régie s’engage à gérer son entreprise et ses propres locaux selon les principes du développement durable, dans les domaines du recyclage, de l’électricité et du transport. L’esprit du Label Vert est basé sur la bonne foi des membres; cependant, l’USPI Genève se réserve le droit de procéder à des contrôles. Sur demande, la régie doit pouvoir démontrer concrètement les mesures qui ont été prises.

– Au final, à quoi aboutit-on ?

– L’objectif est de viser la «maison verte», c’est-à-dire un bâtiment qui ait subi un processus d’assainissement énergétique complet, efficient et raisonné! S’il s’agit d’une démarche à long terme, certaines mesures peuvent être rapidement mises en œuvre: c’est le cas de l’équilibrage hydraulique et thermique du système de chauffage, de l’optimisation de l’éclairage dans les communs d’immeubles, ou encore du remplacement des appareils énergivores dans les buanderies. Déjà largement réalisé du fait des normes en vigueur, le remplacement des fenêtres par des modèles à double ou triple vitrage permet aussi de générer d’importantes économies d’énergie. En outre, l’USPI Genève, en collaboration avec les Services Industriels de Genève et l’Office cantonal de l’Energie, a mis en place la formation ImmoEnergie, qui assiste les responsables «travaux» des régies dans leur stratégie énergétique.

– Vous venez de lancer une campagne de promotion du Label Vert. Quel est son objectif ?

– Elle vise à valoriser le travail effectué au cours des dix dernières années par les collaborateurs de régies. Car si nous sommes aujourd’hui sur le bon chemin, il ne faut pas s’arrêter là. Ce n’est qu’une étape intermédiaire vers la neutralité carbone. Il faut savoir qu’à Genève, le taux de rénovation des bâtiments est de 1%: c’est le plus bas de Suisse! A ce rythme, je vous laisse imaginer le temps qu’il nous faudrait pour assainir tout le parc immobilier genevois. La Loi sur les démolitions, transformations et rénovations de maisons d’habitation (LDTR) constitue un frein important aux rénovations énergétiques, puisque cette loi, dans sa teneur actuelle fige le parc immobilier comme une statue de cire. Les régies membres, en leur qualité de gérants d’une part importante du parc immobilier genevois, ont un rôle primordial à jouer et prennent leurs responsabilités.

Propos recueillis par Véronique Stein
Article paru dans Tout l’immobilier du 06 avril 2020