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Le but d’un propriétaire d’un immeuble n’est pas d’augmenter à tout prix les loyers, mais d’assurer un rendement sur le long terme

INTERVIEW – En juin dernier, le taux d’intérêt de référence applicable aux contrats de bail en Suisse a été relevé de 0,25 point de pourcentage, pour la première fois depuis son introduction en 2008, s’établissant dès lors à 1.5%. Une hausse qui ouvre, dans certains cas, la voie à une adaptation des loyers. Avec une nouvelle augmentation de même valeur (0,25 point de pourcentage) possible pour l’hiver prochain ou courant 2024 selon l’Office fédéral du logement (OFL), les questionnements sont nombreux. Le point de la situation avec Thierry De Haan, Président de l’USPI Genève.

Le taux d’intérêt de référence, qui date de 2008, se situait alors à 3,5%. Il n’a cessé de reculer depuis, s’établissant à partir de mars 2020 à 1,25%. Quelles sont les incidences sur les prix des loyers aujourd’hui ?

Les locataires qui pourraient être concernés par cette augmentation sont ceux qui ont signé leur bail après mars 2020. Avant cette date, le taux était plus haut, donc les baux ne sont pas touchés.

En tant que représentant des régisseurs, comment se positionne l’USPI Genève sur ce sujet ? Quelle est votre ligne directrice ?

L’association professionnelle ne peut imposer une ligne directrice concernant un sujet qui relève de la libre appréciation des propriétaires. Il convient de rappeler que les régies ne sont que des mandataires et agissent pour leur compte et dans l’intérêt de leurs mandants propriétaires, selon leurs instructions. Nous pouvons toutefois constater que l’adaptation du loyer se fait au cas par cas.

Combien de baux sont impactés par cette hausse ?

Ce n’est pas possible de le dire, car il n’existe pas de statistique recensant l’ensemble des baux. Le nombre de baux concernés par la hausse est somme toute marginal par rapport à la totalité des baux à Genève, car cela concerne uniquement les baux signés au cours des trois dernières années. D’autre part, les nouveaux logements construits en zone de développement – la grande majorité des logements qui se construit actuellement – ne sont pas concernés par la hausse.

Pour l’ASLOCA, de nombreux bailleurs et bailleresses vont maintenant augmenter les loyers. Vous confirmez cette affirmation ?

Non, car cela ne concerne que les baux signés au cours des trois dernières années, à l’exclusion des logements construits en zone de développement. Pour celles et ceux qui seront effectivement concerné.e.s par la hausse, on parle de dizaines de francs, pas plus. De plus, l’analyse se fait au cas par cas, il serait en effet absurde que le loyer sorte des critères du marché ce qui engendrerait un taux de rotation trop élevé. Côté propriétaires, ce qui importe c’est le rendement à long terme, et non pas d’augmenter par à-coup de 10 francs les loyers.

Vous avouerez que cette hausse arrive au plus mauvais moment avec des prix qui flambent partout, que ce soit pour des factures d’électricité ou de l’envolée des primes maladie annoncée il y a quelques jours. De ce fait, de plus en plus de locataires éprouvent des difficultés à payer leur loyer.

C’est un fait, les loyers pèsent lourd dans le portefeuille des ménages. Toutefois, de manière générale, nous n’observons pas une augmentation des mises en demeure pour non-paiement du loyer. Les locataires en Suisse payent régulièrement leur loyer, et nous les en remercions.

Des associations de locataires dénoncent également le fait que les baisses de ces dernières années n’aient pas été répercutées, alors que dès la première hausse les locataires sont impactés.

C’est vrai, mais c’est le locataire qui doit faire la demande et non les régies qui proposent automatiquement la baisse. Concernant les hausses, comme susmentionnées, elles ne sont pas appliquées de manière systématique.

Mais alors, comment proposer des loyers abordables ?

C’est le principe de l’offre et la demande. L’acte de construire est toutefois très compliqué à Genève. Les délais pour l’obtention des autorisations de construire sont très importants aux vues de l’inflation des normes à respecter. Il y a plus de 100 lois qui s’appliquent à Genève rien que pour l’édification d’un immeuble. L’attractivité de Genève et l’augmentation de la population sont également très importantes. Tous ces éléments et bien d’autres influencent la demande. Cela fait des années que nous sommes en pénurie (1998). La situation n’est donc pas près de s’améliorer, sauf si l’on parvient à faciliter la construction de logements en facilitant et raccourcissant les procédures.